MÉLODIES CABOSSÉES

Le grand chantait faux...
Le grand chante faux et ma foi, je ne savais pas du tout quoi faire .
Je me suis appliquée à l'aider (je le croyais) puis j'ai réalisé que je faisais les efforts à sa place. Ensuite, j'ai interprété les sons discordants qui sortaient de sa bouche presque comme de la mauvaise volonté et pire, je me suis mise en colère.
J'ai eu honte de ma réaction mais la colère était toujours là.
Nous avons mis le chant de côté pour y revenir plus calmement. Entre temps, j'avais compris que j'étais tellement obnubilée, conditionnée par la soi-disant obligation de réussite que je m'impose depuis toujours que j'en avais oublié que mon enfant n'est pas moi et que si je ne savais pas accepter l'échec, lui avait bien le droit de se casser les dents (les oreilles) sur les notes.
Nous sommes convenus qu'il n'avait pas d'obligation de réussite et que s'il y mettait tout son cœur, s'il le faisait avec joie, le but serait atteint.
Il m'a montré la voie... il n'y arrivait pas, ce n'était pas grave, on ne peut pas réussir en tout et tout le temps. Résultat : travail sur moi (je ne vous dis pas le chantier).
Il chantait faux, avec ardeur, je me suis laissée embarquer dans ses mélodies cabossées.
Il a finit par s'entendre... à présent, il repère les dissonances, essaye de placer sa voix. Parfois ça marche, parfois pas. Et puis, petit miracle... c'est presque juste. Ca l'encourage. Il saute de joie, gagné par l'émotion, son visage s'illumine. Mes yeux s'embuent parce que nous avons appris ensemble... chacun selon ses besoins.

Au décours d'une conversation, j'ai réalisé qu'à l'école, il chantait très rarement, toujours en groupe et toujours faux, noyé dans la masse.
Avant la maternelle, nous écoutions tous genres de musique, de chant et puis, avec la scolarité, dissolution de tout. Manque de temps, manque de je ne sais quoi. Puisque l'école faisait si bien, le goût des jolis petits rien s'était fait la malle.